1984 | George Orwell

1984novel

S’il est un classique de la littérature anglophone qu’il faut lire cette année en résidant sur le continent américain, il s’agit de 1984 de George Orwell. Écrit en 1948 (et publié en 1949), cette dystopie avant-gardiste trouve un écho retentissant dans l’ère Trump amorcée début 2017…

Dans ce roman, l’écrivain imagine le monde tel qu’il pourrait être en 1984, à l’issue de grandes guerres nucléaires qui l’auraient divisé en trois grands blocs. Winston Smith, le protagoniste, habite à Londres en Océania, qui regroupe les Amériques, les îles de l’Atlantique, l’Océanie et l’Afrique australe. À la tête de cette nouvelle puissance, il y a le chef du « Parti », Big Brother, qui épie les moindres faits et gestes des membres du Parti Intérieur et du Parti Extérieur. Winston appartient à ce dernier et, à ce titre, travaille pour le ministère de la Vérité, où il est chargé de remanier les événements historiques pour les faire coïncider avec la vision actuelle de Big Brother, car seule la vérité du Parti est vérité. Pour rendre cet exercice possible pour l’entièreté de la population, le Parti a développé le principe de la double pensée, où il s’agit d’autoriser la cohabitation de deux réalités opposées dans l’esprit des gens, jusqu’à ce que l’une prévale sur l’autre et permette ainsi au Parti d’asseoir une nouvelle vérité. L’Océania peut donc se déclarer en guerre contre l’Estasia un jour et désigner comme nation ennemie l’Eurasia le lendemain. Le but n’est d’ailleurs pas de gagner ces guerres, mais plutôt de désigner une menace permanente qui justifie la destruction du produit du travail humain et qui garde le pays en permanence au bord de la famine. Car seule une société qui s’appuie sur la pauvreté et l’ignorance peut être hiérarchisée. Mais l’essence même du métier de Winston — l’altération de la réalité — l’empêche de participer à cette amnésie collective et de boire les mensonges du Parti. Ainsi, pelotonné dans le seul recoin de son appartement non balayé par le télécran qui le surveille, il commence à écrire ses pensées dans un carnet qu’il a acheté dans une boutique du quartier prolétaire. Bien qu’il dissimule ses idées auprès des personnes qu’il côtoie, il espère secrètement pouvoir rejoindre un mouvement de rébellion.

BigBrother

Si la Grande-Bretagne des temps modernes ne semble pas particulièrement menaçante, quand on lit cette dystopie, on ne peut s’empêcher d’y voir un parallélisme avec l’actualité politique d’une autre nation incluse dans l’Océania de 1984, celle made in USA. De fait, dès les premiers jours qui ont suivi l’investiture de Trump, nombre de journaux américains ou étrangers expliquaient qu’il pouvait être utile de se (re)pencher sur le roman de George Orwell — alors à nouveau en tête des ventes — pour comprendre combien peut être dangereuse la qualification de « faits alternatifs » pour justifier une vision divergente de la réalité. Outre ses tentatives d’évincer les journalistes indépendants non seulement de la Maison Blanche, mais aussi de chacune de ses conférences de presse (ce qui lui permettrait d’avoir la mainmise sur l’exposition des faits), son élocution simpliste et ses tweets ambigus font écho au novlangue, cette langue imaginée par Orwell qui, par son vocabulaire et sa grammaire simplifiés, empêchait le développement de toute pensée critique et permettait au Parti d’asseoir son autorité sur le peuple. De même, le climat de terreur qui règne en Océania, l’État étant en guerre permanente avec l’Estasia ou l’Eurasia, peut sans conteste faire allusion à la bataille que se livre Trump avec Pyongyang. Et bien avant l’ascension du milliardaire au pouvoir, l’Amérique vibrait déjà au son des scandales d’espionnage qui éclataient régulièrement. Car la devise du Parti, Big Brother is watching you, n’est pas une utopie, mais bien une réalité au pays de l’oncle Sam (tiens, une autre histoire de filiation). D’ailleurs, ce regard, sur l’affiche de 1917 créée par J. M. Flagg n’en aurait-il pas inspiré un autre ?

UncleSam
Bref, si vous n’avez pas lu 1984, il est l’heure de pallier à ce manquement, un must-read intemporel qui vous fera réfléchir sur l’état actuel du monde.

Ma note : 5 / 5

Titre original : 1984
Titre français : 1984
Auteur : George Orwell
Traducteur : Amélie Audiberdi
Maison d’édition : Gallimard
Année : 1949 (VF : 1950)
Nombre de pages : 376
Genre : Dystopie

A propos Aude

Née en Belgique, je me suis expatriée en Californie, près de Los Angeles, en 2016 pour suivre mon mari et sa carrière professionnelle. J'y découvre l'American Way of Life à travers mon boulot, mais aussi à travers mes rencontres et mes voyages. *** Born in Belgium, my expat life started back in 2016, when I followed my husband in California, near Los Angeles. Ever since, I have been discovering the American Way of Life through my job as well as through my travels and my new friends.
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